SCULPTURE

 

Camille CLAUDEL, l'artiste, au Musée Rodin

 

- Camille Claudel, Vertumne et Pomone, 1905, marbre - © musée Rodin (Photo : Ch. Baraja), © ADAGP, Paris, 2008 -

Camille Claudel, Vertumne et Pomone, 1905, marbre

© © musée Rodin (Photo : Ch. Baraja), © ADAGP, Paris, 2008

Le Musée Rodin à Paris propose de regarder l'oeuvre de Camille Claudel, au-delà de son histoire personnelle dramatique

Une rétrospective en 90 oeuvres de la sculptrice, qui couvre à peu près toute sa production, est présenté selon un parcours chronologique.

Les organisateurs ont voulu jeter un regard nouveau sur celle qu'on associe toujours à son histoire avec Auguste Rodin et à sa fin de vie tragique en hôpital psychiatrique.

Il s'agit de voir Camille Claudel (1864-1943) telle qu'en elle-même, à travers son itinéraire artistique et ses recherches personnelles, basées non seulement sur l'émotion mais aussi sur une intense réflexion. De la replacer dans les mouvements artistiques de son temps.

L'exposition veut présenter l'artiste "en regardant  les oeuvres elles-mêmes", selon une des commissaires, Véronique Mattiussi.

Evidemment, il serait "stupide" d'ignorer l'influence de Rodin sur le travail comme sur la vie de la jeune femme, mais l'exposition, dit-elle, veut  "apporter de nouvelles pistes", montrer une artiste "de son temps, influencée  par les courants artistiques comme le Japonisme ou l'Art nouveau".

 
Les oeuvres de jeunesse

Camille Claudel, Jeune femme aux yeux clos (1885), exposé au Musée Rodin / AFP / photo Patrick HertzogCamille Claudel est née en 1864 à Fère-en-Tardenois, en Picardie. Sa sœur Louise naît deux ans plus tard et son frère Paul quatre ans après elle.

Très tôt, la jeune Camille s’intéresse à la sculpture et modèle des figures en terre. Dès 1876, elle rencontre à Nogent-sur-Seine, où sa famille a déménagé, le sculpteur Alfred Boucher, son premier maître. La famille s’installe à Paris au début des années 1880. Camille suit les cours de l’Académie Colarossi et loue un atelier avec d'autres jeunes femmes.

Ses premiers modèles sont ses proches. Les modèles professionnels coûtent cher et la jeune artiste s’exerce avec son entourage. Son frère Paul est un de ses modèles préférés. Adolescent, elle le représente en Jeune Romain. Paul Claudel à 37 ans sera une de ses dernières œuvres.

Déjà, les visages sont extrêmement expressifs, du sourire de la comtesse Arthur de Maigret (fusain) à l’intériorité d’un Buste de vieille femme ou de la Jeune femme aux yeux clos.

Quand Alfred Boucher part en Italie, il demande à Auguste Rodin de le remplacer auprès de ses élèves.

Camille Claudel devient l’élève et le modèle de Rodin en 1884. La rencontre est fulgurante. Très vite, elle devient sa maîtresse, ils partagent atelier et modèles.

 
Camille Claudel dans l'atelier de Rodin

Camille Claudel, La Valse, 1889-1905, bronze © musée Rodin (Photo : Ch. Baraja) © ADAGP, Paris, 2008Dans l’atelier de Rodin, Camille Claudel travaille intensément à la représentation des corps et l’expression des visages. Elle améliore sa technique en sculptant des pieds et des mains.

Les deux artistes s’influencent mutuellement, à tel point qu’il a été difficile d’attribuer certaines œuvres à l’un ou à l’autre. Des petites « têtes de rieurs », trouvées dans l’atelier de Rodin, viennent d’être réattribuées à Camille Claudel et on peut rapprocher sa Jeune fille à la gerbe, bras replié sur le sein et main sur l’épaule, d’une Galatée de Rodin.

Selon des témoignages, elle aide Rodin dans plusieurs de ses œuvres, comme la Porte de l’Enfer les Bourgeois de Calais. Elle crée aussi un puissant portrait de son maître et amant.

Rodin lui reconnaît un véritable talent, disant : « Je lui ai montré à trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle. »

Elle reprend à son compte la théorie des profils de Rodin, sculptant autour du modèle pour ne privilégier aucune face.

L’exposition offre toute une série de La Valse, une des œuvres majeures de Camille Claudel, élaborée en 1890. Déclinée en de nombreuses versions, elle figure un couple en déséquilibre, abandonné dans un tourbillon. Dans la première version, le couple est nu, ce qui choque la critique. Dans les versions qui suivent, elle cache leur nudité.

La relation entre les deux artistes se dégrade de plus en plus. Camille Claudel quitte l’atelier de Rodin en 1892.


 
Une artiste qui veut voler de ses propres ailes

Camille Claudel, L'Implorante, ca 1893-1905, bronze © musée Rodin (Photo : Ch. Baraja) © ADAGP, Paris, 2008« Je travaille maintenant pour moi », écrit Camille quand elle quitte Rodin. Les années qui suivent sont des années d’intense créativité. Elle travaille à des portraits d’enfants, avec la Petite châtelaine, visage intense tiré vers le haut, gorge en tension.

A l’inverse, avec Clotho, elle travaille sur un corps de vieille femme, ainsi que sur la chevelure.

Autre grande œuvre de Camille Claudel, Sakountala figure un couple, lui a genoux et elle debout, abandonnée, la tête posée sur celle de son amant. Le thème a été choisi dans la mythologie indienne. Elle en crée plusieurs versions, changeant d’univers avec Vertumne et Pomone, en référence à Ovide, ou plus simplement l’Abandon, faisant ainsi évoluer le sens de l’oeuvre.

La comparant au Baiser de Rodin, Paul Claudel écrira que dans cette œuvre de sa sœur, « l’esprit est tout, l’homme à genoux, il n’est que désir, le visage levé, aspire, étreint avant qu’il n’ose le saisir, cet être merveilleux, cette chair sacrée (…) » (préface au catalogue de l’exposition Camille Claudel organisée au Musée Rodin en 1951).

L’Age mûr, sculpture qui existe en deux versions assez différentes, a été souvent interprété comme une œuvre autobiographique, ce « groupe de trois » représentant un vieil homme écartelé entre deux femmes, l’une jeune et l’autre âgée.

Dans le premier groupe, l’homme est encore penché vers la jeune mais regarde la vieille femme. Dans le second il s’en va avec cette dernière, la première l’implorant à genoux.

On a vu en eux Rodin, sa compagne de toujours, Rose Beuret, avec qui il a choisi de rester, et Camille Claudel. L’artiste a, dans une lettre à son frère, évoqué l’idée de « destinée » qu’elle associait à cette œuvre.


 
Les dernières oeuvres et la chute

Camille Claudel, Les Causeuses, plâtre avec paravent cassé, 1895, 40 x 40 x 40 cm  © musée Rodin (Photo : Ch. Baraja), © ADAGP, Paris, 2008Camille Claudel était curieuse de la vie ordinaire, une préoccupation qu’on retrouve dans les petites œuvres des dernières années, Profonde pensée ou Rêve au coin du feu, figure féminine solitaire. Elle réalise une série de Causeuses, où trois femmes,  tendues vers une quatrième, l'écoutent parler.

Ses dernières œuvres semblent fermer une boucle. Elle réalise un dernier portrait de son frère. Dans sa Niobide blessée, tête lâchée sur le bras, l’autre posé sur sa poitrine transpercée d’une flèche, elle réutilise la tête de Sakountala.

Camille Claudel a rompu définitivement avec Rodin en 1898. A partir de 1905, elle ne crée plus. Elle s’enferme de plus en plus dans son atelier du quai Bourbon. Après la mort de son père, en 1913, sa famille la fait interner à Ville-Evrard. L’année suivante, elle est transférée à l’Asile public d’aliénés de Montdevergues, dans le Vaucluse, où elle passera trente ans, loin des siens. Elle meurt en 1943.


 
Une femme dans l'art de son temps

William Elborne, Camille Claudel travaillant à Sakountala dans son atelier, 1887 © musée Rodin, Paris, 2008Les organisateurs de l’exposition ont voulu se demander ce que c’était qu’être une femme sculpteur dans un atelier à la fin du XIXe siècle, pour une jeune fille issue de la moyenne bourgeoisie. Et aussi la place que Camille Claudel avait eue dans la sculpture de son temps.

Camille Claudel est la seule sculptrice de sa génération, parmi 231 recensées à Paris, à s’être fait une place au musée d’Orsay. A son époque, les femmes n’avaient accès qu'à des ateliers pour jeunes  filles, les femmes n'étant pas admises à l'Ecole des beaux-arts. Elles étaient exclues des expositions et ne recevaient pas de commandes. On niait à leur œuvre toute valeur intellectuelle, attribuant leur activité créatrice à leurs seules émotions. Des questions morales freinaient aussi leur activité: il était impensable, par exemple, qu'elles représentent la nudité du corps.

Si l’œuvre de Camille Claudel est passée à la postérité, l’artiste reste souvent au second plan, derrière la femme, sa vie privée, les hommes qui l’ont entourée, Rodin et son frère, et sa maladie mentale. L’exposition entend inverser cette tendance et « éclairer la place de cette femme sculpteur dans l’art de son temps ».

On sait, d’après ses lettres, qu’elle voulait créer quelque chose de nouveau, « un art qui n’a jamais été connu sur terre ». Elle cherche à rendre l’expression d’états d’âme particuliers, disant chercher « non plus des passions universelles, (mais) un sentiment, un état ou une intention propres à un individu singulier, placé dans une situation elle aussi singulière ».

Après des débuts naturalistes, elle se tourne vers le modernisme de Rodin. Mais plus tard, elle veut se démarquer de son maître. A partir de 1894-1895, elle s’intéresse à l’Art nouveau, avec La Valse et sa dernière version de la Petite Châtelaine. Elle participe au Salon de l’Art nouveau en 1896.

L’art de Camille Claudel a aussi été influencé par le japonisme, une influence qu’on trouve dans La Vague, inspirée d’une estampe de Hokusai. Elle s’est encore distinguée en taillant l’onyx, un matériau difficile.


 
Renseignements pratiques

Rétrospective Camille Claudel, Musée Rodin, 79 rue de Varenne
Tous les jours sauf lundi, 9h30-17h45, le mercredi jusqu'à 21h
Tarifs: 7€ / 5€
Jusqu'au 20 juillet

https://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/A92256B1929D8228C12574EF00386B62?OpenDocument&sessionM=2.2.2&L=1

PEINTURE

 

KLIMT Gustav

 

"La Danaé" ou le thème de la pluie d'or

Un oracle apprit à Akrisios, roi d' Argos, que sa fille Danaé mettrait au monde un enfant qui le tuerait. Il décida donc de la contraindre à la chasteté en l'enfermant dans une tour d'airain qu'il fit construire et dont le toit s'ouvrait sur le ciel afin que l'air et la lumière puissent y pénétrer.
Mais Zeus se transforma en poussière d'or pour déjouer l'interdit paternel.
Klimt est parvenu a lui insuffler une grande dimension érotique. Allongée sur le dos, Danaé reçoit pendant son sommeil la lumière dorée qui inonde son corps ; ne représente-t-elle pas la prophétie en train de s'accomplir ?

 

 

Recherche

"La Petite Chateleine"

Camille CLAUDEL

 

"Fugit Amor" Auguste RODIN

"La Danaïde" Auguste RODIN

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