Quelle prestance !
Quelle présence !
Cette Princesse, Sacrée Gonzesse !
Ce Prince, Sacré P’tit Gars !
Ils accaparent scène
En imposent de leurs personnes.
Leur gestuelle est admirablement
Délicieuse de précision
Presque épidermique...
Ils nous racontent,
Aux travers de leurs passes,
Ce Prince, Sacré P’tit Gars !
Cette Princesse, Sacrée Gonzesse !
Amours, désamours,
Déboires et désespoirs
Désillusions
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De cet universel
Amour.
Admirable comédien,
Talentueuse tragédienne,
Ils chantent.
Emportant de part
Leurs voix succulentes
Jouisseuses...
Folâtres et tendres mélodies.
Pour finalement déverser
De leurs cœurs brisés,
L’espoir assuré
En ce précieux mythe ;
De la Princesse et du prince charmant.
Dans le boudoir
Au-dessous de ses jupons,
Cette Princesse, Sacrée Gonzesse !
Aurait pu offrir hymen,
A ce Prince charmant,
Si triste paladin.
Mais existe-elle vraiment ?
Dans le recoin bleu,
Du dessus de ses pensées funestes
Ce Prince, Sacré P’tit Gars !
Aurait pu livrer blanche soierie,
A cette candide Princesse,
Si délicate cavalière.
Mais existe-il alors ?
A force d’être poignardés
Dans le dos !
Gauche Prince, Tendre princesse,
Même auto-piégés ;
Se réprouvant, se détestant.
Ils se défendront de ne jamais
S'avouer vaincus !
D’honorer...
Et d’adorer ça !
Glissés sous leurs carapaces
L’un, d’indifférence
L’autre, d’indépendance
Ils s’enferment dans un monde
De paradoxes,
Et de contradictions.
Cette Princesse, Sacrée Gonzesse !
Se sent amorale.
Voulant se déjouer
D’être heureuse de l’être.
Ce Prince, Sacré Ptit’Gars !
Se sent asservi.
Voulant toujours détourner
d’éventuelles manœuvres.
Alors que chacun,
Ne voit plus que par l’autre
Au travers de son propre miroir ;
Transformant en atouts
Leurs pires défauts
Et faiblesses !
Ils existent alors ?
Me direz-vous ! .
Ce Prince, Sacré Ptit’Gars !
Cette Princesse, Sacrée Gonzesse !
Le croirez-vous ?
A votre libre arbitre, d’en jugez !
Un sentiment profond écrase
Leur petit cœur immense.
Ils s’essoufflent,
S’étouffent,
Suffoquent.
Dopés à cette semblable
Sensibilité,
Fragilité,
Sincérité,
Extrêmes.
Ne pouvant encenser
Leurs titres de noblesse
Qu’à la franchise.
Et au respect inné
D’Absolu.
Gratifiés d’une joie
Volontaire fortifiante,
Singulièrement provocante ;
Encore dissimulée.
Tendez l’oreille,
Ecoutez, le cri sourd du violon,
Le musicien
Essaie de veiller.
Et conte l’histoire
De la Princesse et du Prince.
Eteignez les lumières !
Basculer,
Dans les sièges douillets
Allumés de rouge.
[…Prélude :
Ecran géant sur fond
De brume et de lune rousse,
Demoiselle, libelle,
D’un tracé aux cendres d’or
Eblouîssantes : «Gare à ceux !»]
Clap sur l’action aux aguets,
Le P’tit Gars se laisse enlacer
Par la Sacrée Gonzesse !
Une colombe prend la vedette,
Se pose sur l’épaule du Prince,
S'ôte une de ses plus belles plumes.
Et de son calamus taché de sang,
Avant d’éventrer la toile,
Ajoute à l'écrit pailleté :
« Gare aux mauvais
Garçons et gazelles
Qui sont aveuglés,
Qui abîment et qui touchent ! »
Puis, reprend son envolée,
Vers les plus hauts sommets
De part le Monde…
***
La Princesse, Sacrée Gonzesse !
Susurra toute la nuit à l’oreille
Du Prince, Sacré P’tit Gars !
Les paroles sacrées...
Qu’elle voulait s’entendre dire
De sa bouche étoffée.
C’est alors, qu’ils tracèrent,
S’éloignant au lointain
D’un pas léger,
A la lumière des lucioles.
Et au lendemain,
Du premier jour
Du reste de leurs vies,
Il ne cessa de lui parler d’Amour...
Et, ils ne s’estimèrent que mieux.
A ce jour, défunts,
Jolie petite fin.
On dit :
Qu’ils se sont dévorés des yeux,
Jusqu’au dernier regard.
De l’aurore jusqu’au couchant
Du crépuscule jusqu’au levant.
Et, qu’auprès de leur mausolée,
Au tombeau à l’unicité...
On entend :
Infernalement,
Chuchotements
Insensés,
Bruits de secousses,
Ricanements
Sans fin.
MORALITE
Une jolie petite fin,
Sans faim
N’est point fine de fin.
***
La Princesse, Sacrée Gonzesse !
Libre penseuse avertie,
Liseuse...
A son corps défendant,
De sa propre morale.
Lui écrivit, toutes les nuits,
Tout au long de sa vie...
Mais en l’absence de chaleur,
De sa main, dans la sienne
De sa voix, dans ses yeux
De ses rires, dans ses folies ;
Sombra !
Dans cette cruelle
Amertume,
De parler d’amour,
Sans action de le faire.
Et, à son impitoyable
Loyauté, s’avala,
En macabres faims de fins.
Elle ne put de la sorte,
Tenir une des promesses,
Qu’elle lui avait faite !
Celle, de prendre soin d’elle...
Elle vacilla […….]
AUTRE MORALITE
Les Princes et les Princesses
Existent peut-être ?
Qu’à la fatalité
Des yeux ensanglotés
De ceux, qui...
A en perdre haleine
En ont, irréversiblement,
Addiction de faim.
***
Copyright 2008 Chrystel MARMIER
[…….]
Oui, mais bientôt, sur une route blanche
Vont refleurir tous les champs alentour
Le cœur joyeux sous le ciel de dimanche
Nous reprendrons le chemin du retour. (BRASSENS)
